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John ADAMS (*1947)

Road Movies (1995)                                             

I. Relaxed Groove

II. Meditative

III. 40% Swing


Arvo PÄRT (*1935)


Spiegel im Spiegel (1978)                                             

Fratres (1980)                                                              

Passacaglia (2003)                                                      

 

Michel  LYSIGHT (*1958)

Gemini Sonata (2011)                                             

I. Allegro

II. Andante

III. Allegro

ADAMS    "Road Movies" III 40% Swing (extrait)

LYSIGHT  "Gemini Sonata"  II. Andante (extrait)

PÄRT         "Fratres" (extrait)

Composé par John Adams en 1995, Road Movies est une des rares oeuvres du compositeur appartenant à ce genre. En effet, la majorité de son catalogue est constituée d’oeuvres pour orchestre même si 1994 vit la naissance de son Quatuor à Cordes “John’s Book of Alleged Dances”. Dans ces trois pièces pour violon et piano, Adams fait appel à une écriture ouvertement mélodique tout en demandant que la partie de piano des deux mouvements extrêmes soit jouée dans un style “swing”. La virtuosité requise y est extrême, tant sur le plan technique que rythmique. Le deuxième mouvement, très méditatif, évoque plutôt le blues et le violon y utilise une “scordatura” : la corde de sol est baissée d’un ton afin de devenir un fa.



La simplicité apparente de Spiegel im Spiegel, composé par Arvo Pärt en 1978, ne doit pas nous tromper : sa construction en est d'une rigueur implacable. La main droite du piano égrène en permanence des arpèges d'accords parfaits, tandis que la main gauche fait résonner de longues notes qui alternent les registres aigus et graves. Sur cette trame harmonique, le violon construit lentement, note par note, une simple gamme ascendante et descendante de fa majeur, et cela autour de la note "la" harmonisée par l’accord de fa majeur, note qui sert de pivot à la construction progressive en miroir, d'où le titre.



La version originale pour quintette à cordes et quintette à vent de Fratres date de 1977. Arvo Pärt en a réalisé de nombreuses versions, celle pour violon et piano datant de 1980. Sa structure est basée sur un principe de variations sur une succession harmonique —énoncée au début dans le très virtuose prélude en bariolage du violon—. Le piano joue imperturbablement ce "choral" sur une pédale de la maintenue en permanence, chaque variation démarrant mélodiquement une tierce plus bas que la précédente (notes de départ successives : do dièse, la, fa, ré, si bémol, sol, mi, do dièse) tandis que le violon se greffe sur lui en utilisant une technique différente de jeu dans chacune d’elle. Un intermède de deux mesures —lui-même présenté chaque fois avec de subtiles modifications— basé sur un accord du piano dans le grave, la-mi-la, auquel répond un accord joué pizzicato —sauf à la fin, où il est joué col legno— sur les cordes à vide du violon, sol-ré-la-mi, sépare systématiquement les variations et conclut la pièce.



La Passacaglia a été composée par Arvo Pärt en 2003 à l’occasion du concours international de violon de Hanovre. En 2007, le compositeur remaniera cette oeuvre sous la forme d’un Concerto pour violon, cordes et vibraphone. Si l’on y retrouve toute l’atmosphère méditative si caractéristique d’Arvo Pärt, cette pièce semble au premier abord plus “hermétique” que Fratres ou Spiegel im Spiegel. La partie de violon y est redoutable techniquement, car peu “violonistique” en soi, et la nudité de l’écriture y est extrêmement épurée quant aux moyens utilisés. C’est un court “voyage intérieur” qui est ici proposé à l’auditeur.



Gemini Sonata a été écrit spécialement en 2011 pour le Duo Gemini. Oeuvre profonde, intense et aussi très virtuose, elle demande aux interprètes, particulièrement dans le mouvement lent, un sens marqué de la couleur, harmonique ou timbrale, ainsi qu'une technique et une précision rythmique sans faille. D'emblée, le caractère obsessionnel, haletant et implacable marque l'auditeur qui se trouve ainsi pris dans un processus inexorable, sorte de très longue course à l'abîme. Une Sonate en forme de suspense !



Michel Lysight

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